Les 23 et 26 août 2024, le Canada a annoncé une série de mesures pour contrer la menace d’une augmentation des importations de véhicules électriques (VE) chinois, de produits en acier et en aluminium et a promis des consultations supplémentaires sur l’imposition de surtaxes sur un plus large éventail d’importations. Les mesures particulières annoncées étaient les suivantes :
Ces mesures représentent la réponse initiale du Canada à la menace d’une augmentation des importations de véhicules électriques chinois, ainsi qu’aux préoccupations de longue date concernant la surcapacité dans les industries chinoises de l’acier et de l’aluminium, et les effets que l’augmentation des importations dans ces secteurs aura sur les travailleurs et les investissements canadiens. Les mesures prises par le Canada s’harmonisent avec les réponses stratégiques semblables à la politique industrielle chinoise adoptées par les États-Unis et l’UE.
La promesse du gouvernement de tenir des consultations imminentes sur un plus large éventail de marchandises suggère fortement que le Canada imposera d’autres mesures frontalières pour protéger les secteurs d’importance stratégique. Les entreprises canadiennes devraient se préparer à cette nouvelle vague de droits de douane, aux représailles potentielles de la Chine et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, des investissements prévus et des projets d’immobilisations.
La Chine a déjà réagi aux tarifs douaniers annoncés par le Canada sur les VE, l’acier et l’aluminium. Le 3 septembre 2024, la Chine a annoncé son intention d’ouvrir une enquête antidumping sur les exportations canadiennes de canola vers la Chine et une enquête distincte sur les exportations de produits chimiques canadiens non encore spécifiés. Quelques jours plus tard, la Chine a demandé l’ouverture de consultations avec le Canada dans le cadre du Mémorandum d’accord de règlement des différends de l’OMC au sujet de la compatibilité avec les règles de l’OMC des droits de douane sur les véhicules électriques, l’acier et l’aluminium, une condition préalable au lancement du processus de règlement des différends de l’OMC. La Chine et le Canada sont tous deux membres de l’Arrangement multipartite d’arbitrage en appel intérimaire (MPIA), qui offre un mécanisme d’appel alternatif pour résoudre les appels des différends devant l’OMC en l’absence d’un Organe d’appel de l’OMC fonctionnel et doté en personnel, ce qui augmente quelque peu l’efficacité probable du règlement des différends de l’OMC.
À compter du 1er octobre 2024, les importations de véhicules électriques fabriqués en Chine seront assujetties à une surtaxe de 100 % en vertu de l’article 53 du Tarif des douanes. L’imposition de surtaxes fait suite à une consultation de 30 jours qui s’est terminée le 1er août 2024.
Les véhicules électriques assujettis aux surtaxes sont presque tous des véhicules électriques et certains véhicules hybrides, des voitures de tourisme, des camions, des autobus et des fourgonnettes de livraison. La liste complète est disponible here.
Des détails supplémentaires sur la surtaxe devront attendre que le gouvernement publie le décret officiel imposant les surtaxes.
La surtaxe de 100 p. 100 s’appliquera en plus du taux de droit de 6,1 p. 100 de la nation la plus favorisée actuellement imposé sur les véhicules électriques fabriqués en Chine et importés au Canada.
De plus, le Canada limitera l’admissibilité aux Incitatifs pour les véhicules zéro émission (IZEV), aux Incitatifs pour les véhicules moyens et lourds zéro émission (iMHZEV) et au Programme d’infrastructure de véhicules zéro émission (ZEVIP) aux véhicules automobiles fabriqués dans des pays qui ont négocié des accords de libre-échange avec le Canada. Par exemple, les véhicules électriques fabriqués aux États-Unis, au Mexique, dans l’Union européenne, au Japon ou en Corée du Sud (entre autres) demeureront admissibles à ces incitatifs.
Les surtaxes sur les véhicules électriques chinois alignent le Canada sur son plus important partenaire commercial. Les États-Unis ont
Effective le 15 octobre 2024, les importations de certaines marchandises en acier et en aluminium en Chine seront assujetties à une surtaxe de 25 % en vertu de l’article 53 du Tarif des douanes. Le gouvernement a annoncé une brève période de consultation sur cette mesure qui se termine le 20 septembre 2024.
Les marchandises en acier et en aluminium qu’il est proposé de soumettre aux surtaxes de 25 pour cent sont énumérées dans un Notice d’intention publié par Finances Canada. Le gouvernement annoncera la liste finale des marchandises assujetties à la surtaxe de 25 % le 1er octobre 2024. Le bref processus de consultation donne l’occasion de présenter des observations sur les changements apportés à la liste proposée.
Les surtaxes de 25 % s’appliqueront aux marchandises originaires de la Chine, peu importe le pays dans lequel le vendeur est situé ou la voie d’expédition au Canada. L’avis d’intention précisait que la règle d’origine à laquelle il sera fait référence dans l’ordonnance de surtaxe est de savoir si les marchandises ont été « fabriquées en grande partie » en Chine, conformément à la règle qui s’applique aux fins du marquage de l’origine des produits en vertu du Règlement sur la détermination du pays d’origine aux fins du marquage des marchandises (pays non membres de l’ACEUM).
La surtaxe de 25 % ne s’appliquera pas aux produits en acier ou en aluminium qui étaient en transit vers le Canada à la journée d’entrée en vigueur des surtaxes.
Les surtaxes s’ajouteront aux droits antidumping et compensateurs applicables.
Bien qu’il s’agisse de la première annonce officielle de surtaxes sur l’acier et l’aluminium chinois, la décision n’est pas inattendue compte tenu du climat commercial actuel et des mesures prises récemment par les principaux partenaires commerciaux du Canada, y compris celles décrites ci-dessus. Le gouvernement n’a pas participé à des consultations publiques précises sur l’imposition de surtaxes sur l’acier et l’aluminium chinois avant l’annonce, bien qu’il accepte les commentaires depuis une brève période maintenant. Le Notice d’intention indique qu’au cours des consultations sur les VE, les intervenants ont soulevé des questions relatives à la politique industrielle chinoise plus large, à la surcapacité et aux normes du travail et de l’environnement. Les appels de longue date de représentants des secteurs de l’acier et de l’aluminium identifiant des préoccupations avec la Chine et exhortant le gouvernement à agir ont peut-être également éclairé les mesures.
Comme pour les surtaxes sur les VE, l’imposition par le Canada de surtaxes sur l’acier et l’aluminium chinois l’aligne sur les États-Unis, qui ont des droits de douane en vigueur en application de l’article 301 sur les produits d’acier et d’aluminium chinois depuis 2018. Les États-Unis augmenteront également les taux de droits de douane sur certains produits d’acier et d’aluminium chinois de 0 à 7,5 % à 25 % en 2024.
À compter du 5 novembre 2024, les importateurs devront déclarer le « pays de fusion et de coulée » (COMP) de certains produits d’acier importés au Canada. Les rapports facultatifs comp pour l’acier ont commencé le 21 février 2024.
Le 23 août 2024, le Canada
Un importateur est tenu de déclarer les importations de produits de l’acier énumérés aux articles 80 et 81 de la Liste des marchandises d’importation contrôlée en vertu de la LP 80 (produits en acier au carbone) ou de la LIP 81 (produits d’acier spécialisés). La déclaration obligatoire du COMP sera ajoutée aux déclarations GIP 80 et GIP 81, ce qui obligera les importateurs à recueillir des données plus loin dans la chaîne de valeur des marchandises. Certains produits de l’acier assujettis à la GIP 80 et à la GIP 81 seront exclus des rapports comp. Les rapports du COMP seront « selon la forme et la manière déterminées par l’Agence des services frontaliers du Canada ». Dans le cadre du programme facultatif actuel comp, la déclaration est faite par l’intermédiaire de la déclaration d’importation intégrée à guichet unique.
En vertu des modifications proposées aux LP 80 et GIP 81, la DP est définie comme le pays où l’acier brut contenu dans un produit en acier au carbone est d’abord produit dans un four à marquage en acier à l’état liquide et versé à son premier état solide qui peut prendre la forme d’un produit semi-fini qui est une brame, billette ou lingot ou d’un produit fini d’aciérie. Étant donné que les produits de l’acier peuvent passer par plusieurs étapes de production par plusieurs fournisseurs avant d’être importés au Canada, l’imposition de la déclaration comp impose une exigence supplémentaire de transparence de la chaîne d’approvisionnement et de diligence raisonnable aux importateurs.
Le gouvernement a proposé plusieurs exemptions à la déclaration par le COMP des marchandises qui sont par ailleurs assujetties aux articles 80 et 81 de la Liste des marchandises d’importation contrôlée :
Goods Excluded under Proposed Amendments to GIP 80 |
Goods Excluded under Proposed Amendments to GIP 81 |
fil ongles, punaises, épingles, agrafes ou similaires. | fil ongles, punaises, épingles, agrafes ou similaires. |
L’exigence de déclaration de l’OFP met en œuvre les engagements du Canada envers les États-Unis dans son Déclaration conjointe sur les droits imposés à l’acier et à l’aluminium en vertu de l’article 232 à partir de mai 2019, pour établir un processus convenu pour surveiller le commerce de l’aluminium et de l’acier entre eux. Les États-Unis ont déjà mis en œuvre un régime de déclaration de la COMP pour l’acier et l’aluminium.
Les rapports de la COMP donneront au gouvernement une meilleure visibilité sur les chaînes d’approvisionnement des importations d’acier. Nous nous attendons à ce que ces données supplémentaires facilitent l’application de la surtaxe de 25 % sur l’acier et l’aluminium et éclairent les décisions du gouvernement sur les futures mesures tarifaires et les recours commerciaux. Fait à noter, presque toutes les marchandises identifiées dans les BPF nos 80 et 81 sont les mêmes que les marchandises identifiées par Finances Canada comme étant assujetties à la surtaxe de 25 % imposée sur les produits de l’acier et de l’aluminium en provenance de la Chine.
Le gouvernement envisage également d’introduire des exigences pour que les importateurs déclarent de la même manière « pays d’éperlan et de coulée » pour les produits en aluminium. Il y a eu un
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