Le secteur mondial de l’énergie a occupé l’avant-scène au Canada alors que le 24e Congrès mondial du pétrole s’est tenu à Calgary du 17 au 21 septembre 2023. Plus de 10 000 visiteurs et 5 000 délégués de 111 pays se sont réunis pour aborder le thème de la transition énergétique.
Dans cette édition spéciale de la mise au point trimestrielle sur les fusions et acquisitions de Bennett Jones, nous examinons l’activité des opérations dans le secteur de l’énergie au Canada et les principaux points à retenir du congrès qui pourraient s’avérer révélateurs sur ce que l’avenir nous réserve.
Nous sortons également du monde de l’énergie pour évaluer les nouvelles occasions d’affaires en Alberta créées par la nouvelle loi Captive Insurance Companies Act.
Tous les chiffres sont conformes aux données de Bloomberg en dollars américains au 30 septembre 2023 (transactions annoncées, conclues ou en attente, excluant celles qui ont été résiliées ou
retirées, lorsqu’une société canadienne est l’acquéreur, la cible ou le vendeur).
Les activités ont chuté au troisième trimestre de cette année, tant sur le plan du volume annoncé que du nombre d’opérations. La baisse des opérations de fusions et acquisitions au Canada suit l’atténuation globale plus générale des activités pour le troisième trimestre de 2023 et au cumul annuel. L’impact de la hausse des taux d’intérêt sur les marchés des capitaux d’emprunt et les prêts en général a atténué le feu des fusions et acquisitions. Cela se traduit également par une diminution globale des transactions d’investissement en capital. Les données du secteur de l’énergie sont énoncées ci-dessous, bien que la valeur des transactions soit faussée par un nombre relativement faible de transactions plus importantes.
La deuxième plus importante transaction de 2023 en volume annoncé concerne le secteur du pétrole/carburant avec l’acquisition, par Enbridge, de trois entreprises de gaz naturel appartenant à Dominion Energy en contrepartie de 14 milliards de dollars.
Les transactions dans le secteur du pétrole/carburant et des énergies renouvelables ont représenté 19,6 milliards de dollars en valeur monétaire annoncée au T3 2023, soit près de la moitié du volume total du trimestre. Bien que le volume des transactions ait été inférieur aux prévisions initiales pour 2023, les regroupements par le biais de fusions et acquisitions est restée relativement active au premier trimestre.
Le congrès de 2023 est arrivé à un moment propice dans le secteur de l’énergie. Le prix du pétrole a approché les 100 $ US le baril, et la demande mondiale est à des niveaux records et continue de croître. L’une des principales réflexions de Bloomberg sur le congrès est que « le pétrole ne va nulle part » avec des producteurs restant actifs et engagés au sein du secteur. Mais, comme le souligne le Calgary Herald, « les investissements en capital du secteur, bien qu’ils augmentent, demeurent relativement modérés, l’un des rares moments où les prix caniculaires ne s’accompagnent pas d’un essor important des dépenses ».
Bien que la transition énergétique demeure une priorité pour les producteurs, les réalités du marché continuent de stimuler la demande mondiale et les prix. Par conséquent, les sociétés du secteur de l’énergie insistent avec une plus grande confiance sur le fait que la transition doit avoir lieu dans le contexte de stratégies de base qui génèrent de la valeur pour les actionnaires.
Le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC) a été l’un des thèmes les plus discutés au Congrès mondial du pétrole et il y a eu un large consensus sur le fait qu’il est essentiel pour l’avenir du secteur pétrolière. Le CUSC est de plus en plus considéré comme une technologie habilitante qui permet au secteur d’atteindre les objectifs en matière d’émissions. Il est également essentiel pour la décarbonation dans d’autres secteurs, en particulier le ciment et l’acier. La technologie liée au CUSC a progressé rapidement au cours des deux dernières années et les projets en Alberta montrent la voie.
Pour le reste de 2023, les activités de fusions et acquisitions devraient demeurer équilibrées, des investissements en capital seront déployés vers des possibilités d’efficacité et de décarbonation, y compris des investissements à long terme en CUSC.
De nombreux participants au Congrès ont indiqué que le rythme des changements réglementaires au Canada était un obstacle à l’investissement, et un obstacle qui doit être résolu rapidement. Au début du Congrès, Reuters a rapporté que le secteur canadien des technologies propres risque de perdre 50 milliards de dollars canadiens en investissements en raison de retards dans la mise en œuvre des incitatifs gouvernementaux. Le quatrième jour de l’événement, l’Alliance Nouvelles voies a déclaré qu’un projet de captage et de stockage du carbone de 12,27 milliards de dollars proposé par les principaux producteurs de pétrole du Canada n’ira de l’avant que si le gouvernement fédéral verrouille par contrat les prix futurs du carbone.
Alors que le Canada continue de déterminer son rythme de réponse aux incitatifs de la Loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) des États-Unis qui ont stimulé une importante activité au sud de la frontière, les répercussions potentielles sur les transactions dans ce secteur au Canada sont énormes. Un engagement important à l’égard des incitatifs peut débloquer une activité importante de fusions et acquisitions. Inversement, un retard peut entraîner le déplacement de cette activité vers d’autres marchés, y compris les États-Unis.
Cela fait maintenant deux mois que le gouvernement de l’Alberta a ordonné à l’Alberta Utilities Commission (AUC) de suspendre les nouvelles approbations de projets d’électricité renouvelable au moins jusqu’au 29 février 2024. L’AUC a fourni des détails supplémentaires sur son enquête le 11 septembre 2023 (une mise à jour de Bennett Jones est disponible ici).
Le secteur des énergies renouvelables de la province a été sur une lancée au cours des dernières années, avec un investissement estimé à 4 milliards de dollars depuis 2019. Les trois quarts de la capacité de production d’énergie renouvelable du Canada ajoutée en 2022 l’a été en Alberta. Le gouvernement attribue une grande partie de ce succès au marché de l’électricité déréglementé unique de l’Alberta
Le moratoire touche 118 projets, principalement la production potentielle d’énergie solaire, suivie de l’énergie éolienne et du stockage de l’énergie par batterie. Compte tenu du paysage réglementaire en évolution et de la pause actuelle dans les investissements en projets d’énergies renouvelables en Alberta, les entreprises pourraient réorienter leurs investissements vers d’autres provinces et les États-Unis.
La nouvelle loi intitulée Captive Insurance Companies Act (CICA) de l’Alberta est entrée en vigueur en juillet 2022, ouvrant la porte à la création d’assureurs captifs mis sur pied à cet effet par l’entremise de sociétés ou de structures de partenariat – un avantage unique à la province.
Depuis juillet 2022, neuf assureurs captifs ont obtenu un permis en Alberta. Ces sociétés ont été autorisées à fournir un éventail de produits d’assurance, y compris l’assurance des biens, l’assurance automobile et d’autres formes d’assurance responsabilité, ainsi que des garanties de première partie, dont l’assurance crédit et l’assurance accident et maladie. Il est également à noter que les assureurs captifs de l’Alberta sont en mesure d’assurer les risques dans l’ensemble du pays ainsi qu’à l’échelle internationale.
À mesure que les acteurs du secteur se familiariseront avec la CICA et le contexte réglementaire accueillant de l’Alberta à l’égard des assureurs captifs, nous prévoyons que le nombre de ces sociétés et la complexité des produits offerts continueront de croître.
À titre d’exemple, en septembre 2023, Bennett Jones, en collaboration avec son client et un courtier spécialisé, a lancé la première association captive titulaire d’un permis en Alberta, qui est également le premier assureur captif en Alberta établi par l’intermédiaire d’une société en commandite.
Bennett Jones a examiné les principales caractéristiques de la CICA – et ce à quoi les entreprises doivent penser lorsqu’elles se demandent si la formation d’un assureur captif leur convient – dans une Perspective antérieure.
De plus amples renseignements sont accessibles sur la page Web du domaine de pratique Assureurs captifs et gestion des risques de Bennett Jones.
Lors du Congrès, il a été régulièrement souligné que la transition énergétique, bien que continue, n’empruntera pas un chemin linéaire. Les acteurs du marché s’efforceront toujours d’atteindre leurs objectifs à long terme, mais seront contraints de les concilier avec les impératifs du marché, influencés par des facteurs tels que la demande, le coût de l’énergie et la sécurité énergétique. Sur une note optimiste, cela pourrait catalyser des opérations de fusions et acquisitions, non seulement pour les stratégies en lien avec la transition énergétique, mais également pour les principales opportunités commerciales.
Pour discuter des événements et des possibilités qui façonnent le paysage canadien des fusions et acquisitions, veuillez contacter les auteurs.