Le contribuable, National R&D Inc., avait demandé des crédits d’impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental pour certains travaux en « sciences appliquées ». National a interjeté appel devant la Cour de l’impôt après que le ministre du Revenu national a refusé les crédits de nouvelle cotisation.
La Cour de l’impôt s’est penchée sur la question de savoir si le travail de National répondait à la définition de LA RS& au paragraphe 248(1) de la Loi de l’impôt sur le revenu comme étant le « développement expérimental ». En appliquant le critère en cinq parties de l’affaire Northwest Hydraulic Consultants Ltd. c. La Reine, [1998] 3 CTC 2520, la Cour de l’impôt a conclu que National n’avait pas satisfait à quatre des cinq critères de la RS&DE.
National a particulièrement contesté la conclusion de la Cour de l’impôt selon laquelle ses travaux ne suivaient pas la méthode scientifique, comme l’exigeait le critère de Northwest Hydraulic, et a interjeté appel devant la CAF. La CAF a rejeté l’appel.
National a soutenu que le juge de la Cour de l’impôt avait commis une erreur de droit en s’appuyant sur le critère de Northwest Hydraulic. Le test s’écarte du texte de l’ITA, créant une norme plus stricte, entre autres, en exigeant que les projets suivent la méthode scientifique. National a soutenu que Northwest Hydraulic ne donne que des directives et qu’elle n’est pas obligatoire.
National n’est pas le premier contribuable à avancer cet argument – il avait été examiné et rejeté par la CAF seulement un an plus tôt (dans l’affaire Kam-Press Metal Product Ltd. c Canada, 2021 CAF 88). La CAF a confirmé avec force le critère de Northwest Hydraulic, vieux de 24 ans, affirmant que l’argument de National « se poursuit sur une mauvaise compréhension de la relation entre les tribunaux et la législation ». C’est le rôle du Parlement d’élaborer un libellé législatif. La définition et l’application de ce libellé ne constituent pas une erreur de droit , c’est « précisément ce que les tribunaux sont tenus de faire ».
Si une attaque frontale sur le test de Northwest Hydraulic a jamais été une stratégie viable pour les plaideurs, National R&D l’a maintenant forclos.
Pour réfuter la conclusion selon laquelle ses travaux ne suivaient pas la méthode scientifique, National a tenté de présenter un rapport d’expert au procès qui distinguait la « méthode d’ingénierie » de la « méthode scientifique ». Le rapport n’a pas été admis.
La CAF a rejeté l’argument selon lequel le juge de la Cour de l’impôt avait commis une erreur en rejetant le rapport, en identifiant des erreurs de fond et de procédure dans le rapport de National.
Le rapport de National a été rejeté parce qu’il ne satisfaisait pas aux exigences fondamentales selon lesquelles il devait être impartial, objectif, pertinent et nécessaire.
Les experts au procès doivent trouver un équilibre entre des objectifs mutuellement incompatibles. Ils doivent aider le tribunal, en faisant preuve d’objectivité, dans le cadre d’une procédure contradictoire dans laquelle la réalité est qu’ils ont été conservés par une partie dont leur opinion appuie la position. La FCA a critiqué le rapport d’expert de National pour son ton ouvertement partisan et son plaidoyer excessif. La CAF a également noté que National (et non son expert) avait rédigé la majeure partie du rapport de l’expert.
L’expert de National a également commis l’erreur cardinale de se prononcer sur l’application de la loi aux faits, ce que seul le tribunal peut faire.
La CAF a également confirmé la conclusion de la Cour de l’impôt selon laquelle le rapport de National n’était pas conforme à l’article 145 des Règles de la Cour canadienne de l’impôt (procédure générale), qui codifie certaines exigences en matière d’admissibilité. Le rapport d’un expert doit présenter la preuve de l’expert dans son intégralité et accompagner un certificat signé reconnaissant que l’expert a lu (et accepte d’être lié par) le code de conduite de la Cour de l’impôt pour les témoins experts. En l’espèce, National n’a pas déposé le certificat.
La décision de la CAF rappelle aux plaideurs de se conformer aux exigences de rapport d’expert énoncées dans les Règles de la Cour de leur compétence – une étape fondamentale mais essentielle.
Dans la CAF, vraisemblablement en réponse au rejet de son rapport d’expert, National a inclus un article savant dans son recueil de sources qui commentait la méthode d’ingénierie, contrairement à la méthode scientifique telle qu’elle était traditionnellement comprise.
La CAF a conclu qu’il s’agissait d’une tentative inadmissible d’établir comme autorité un fait qui devrait faire l’objet d’une preuve d’expert au procès. Seuls les textes législatifs de la compétence d’une cour, ainsi que les décisions des cours et des tribunaux de toutes les juridictions, peuvent figurer dans un recueil de sources (voir, par exemple, Brewer v Fraser Milner Casgrain LLP, 2008 ABCA 435). Tout le reste, y compris les questions de « sciences sociales, appliquées et naturelles », doit être présenté au moyen d’une preuve d’expert. La CAF a fait remarquer que les opinions exprimées dans des articles savants « ne peuvent pas être prises sur la foi » et doivent faire l’objet d’un contre-interrogatoire.
La décision rendue dans l’affaire National R&D met en garde les plaideurs contre le fait d’essayer de faire passer des éléments de preuve comme une autorité.
Il y a des moments où une preuve d’expert est nécessaire pour établir la preuve d’une partie, comme lorsqu’une partie cherche à établir un avis non juridique comme un fait. En présentant de telles preuves d’expert, national R&D sert de rappel de mise en garde aux plaideurs pour s’assurer qu’ils sont conformes aux exigences d’admissibilité du fond et de la procédure.