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Ce qui est fait est fait : La Cour d’appel de l’Alberta refuse de défaire la transaction de l’arrangement malgré des erreurs dans le processus d’approbation

01 février 2023

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Écrit par Scott Bower, Michael Theroux, Ciara Mackey and Katherine Fisher

Bien qu’elle ait conclu à une erreur manifeste qui a privé les titulaires de mandat de leurs droits de réunion et de vote en vertu d’un plan d’arrangement approuvé par le tribunal, la Cour d’appel de l’Alberta a refusé d’accorder un redressement et de régler la transaction sous-jacente une fois qu’elle avait été conclue : Taiga Gold Corp v Munday, 2023 ABCA 12. Cet appel récent souligne la réticence des tribunaux à annuler une transaction conclue et l’importance de demander un redressement provisoire pour préserver le statu quo en cas de différend au sujet de l’approbation appropriée d’un plan d’arrangement. 

Historique

L’affaire portait sur un plan d’arrangement approuvé en vertu de l’article 193 de l’Alberta Business Corporations Act, RSA 2000, c B-9 pour Taiga Gold Corp., une société d’exploration minière cotée à la Bourse des valeurs canadiennes. Aux termes de l’arrangement, SGO Mining Inc. devait acquérir toutes les actions, les bons de souscription et les options de Taïga.

Taïga a demandé une ordonnance provisoire ex parte à la Cour du Banc du Roi de l’Alberta pour fixer une date à laquelle les actionnaires peuvent voter sur une résolution visant à approuver l’arrangement. Taïga n’a pas informé la Cour qu’il y avait des détenteurs de mandats qui s’opposaient à l’arrangement, qui auraient pu avoir droit à un avis de convocation à la réunion et à un vote sur la transaction proposée. La Cour a donné des directives concernant les avis aux actionnaires, le déroulement de l’assemblée et les droits de dissidence, mais n’a fixé aucune réunion ou aucun droit pour les détenteurs de bons de souscription. 

Lors de l’assemblée, un peu plus de 85 % des actionnaires votants ont voté pour approuver l’arrangement. Le lendemain, Taïga a demandé l’approbation finale du tribunal. Les détenteurs de bons d’souscription appelants s’y sont opposés, soutenant que les procédures législatives requises n’avaient pas été suivies, que leurs droits seraient éteints par l’opération et qu’il y avait eu un traitement inégal entre les actionnaires et les détenteurs de bons de souscription.   

Dans Taiga Gold Corp (Re), 2022 ABQB 290, le juge de chambre a convenu qu’une réunion des détenteurs de mandats aurait dû avoir lieu avant l’approbation de l’arrangement, mais a conclu qu’un vote opposé par les mandats en suspens n’aurait pas pu affecter le résultat. Le juge siégeant en cabinet a également déterminé que le prix offert aux détenteurs de bons de souscription et aux actionnaires était équitable et a traité les groupes de manière égale.

Les détenteurs de mandats ont interjeté appel de l’approbation de l’entente, demandant à la Cour d’appel soit de modifier l’entente approuvée et terminée afin de donner aux titulaires de mandat des droits de dissidence et de leur permettre d’être payés à leur pleine valeur sur leurs mandats (à déterminer lors d’une audience de preuve distincte), soit de prévoir une exception pour leur permettre d’intenter des poursuites au sujet des mandats malgré l’entente d’arrangement.  

L’appel interjeté par des détenteurs de mandats est rejeté par la Cour d’appel de l’Alberta

La Cour d’appel a convenu que le juge en chambre avait commis une erreur en approuvant l’arrangement sans une réunion et un vote des détenteurs de mandats, comme l’exige l’alinéa 193(4)b) de la Loi.  La Cour, dirigée par le juge en chef Khullar, a expliqué: « En l’espèce, les appelants et les autres détenteurs de bons de souscription ont perdu l’occasion d’essayer de convaincre les actionnaires de voter contre l’arrangement. Ce processus démocratique a été enchâssé dans la loi [c’est nous qui soulignons].

Toutefois, la Cour a rejeté l’appel. La réparation demandée par les détenteurs de mandats aurait nécessité un dénouement partiel de la transaction, ce que la Cour a noté qu’elle n’avait pas le pouvoir clair de faire.  La Cour n’avait aucun moyen de déterminer si l’opération aurait eu lieu si l’une ou l’autre des modifications demandées avait été apportée avant la conclusion, et n’était pas disposée à modifier les conditions qui auraient pu être essentielles à l’accord. Comme point de pratique clé, la Cour a noté que pour préserver la capacité de recevoir un recours efficace en appel, « il aurait été sage de demander au juge en chambre ou à un juge de cette Cour un sursis en instance d’appel, quels que soient les délais serrés en cause ».

Le résultat final a également pesé contre l’octroi aux détenteurs de mandats d’une réparation extraordinaire. La Cour a conclu qu’il y avait suffisamment d’éléments de preuve de la valeur devant le juge en chambre et que l’arrangement était juste et raisonnable tant pour les détenteurs de bons de souscription que pour les actionnaires.

Regard vers l’avenir – Préserver les remèdes

Cette nouvelle décision d’appel démontre que les tribunaux demeurent réticents à annuler, même partiellement, les transactions commerciales conclues. Bien que les exigences procédurales légales et le processus démocratique enchâssé dans la Loi sur les sociétés par actions aient échoué, le tribunal n’a pas repris l’opération, ordonné un nouveau vote ou accordé de nouveaux droits en vertu du plan d’arrangement approuvé par le tribunal. Afin de préserver leurs droits, y compris les droits de vote et de participation, les parties qui contestent un plan d’arrangement approuvé devraient envisager de demander un sursis en attendant l’appel pour reporter la conclusion de la transaction.

Si vous avez des questions au sujet de cette décision ou des plans d’arrangement, veuillez communiquer avec un membre du Bennett Jones Commercial Litigation, Capital Markets and M&A ou Mining groupes.

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