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Le Canada saisit des marchandises importées qui auraient été produites avec le travail forcé

18 novembre 2021

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Écrit par Sabrina A. Bandali, Jessica Horwitz and Andrei Mesesan

Le 15 novembre 2021, le Globe and Mail a signalé la première saisie en vertu de l’interdiction canadienne d’importation de marchandises « extraites, fabriquées ou produites en tout ou en partie par le travail forcé ». Selon l’ASFC, les agents des douanes ont saisi une cargaison de vêtements pour femmes et enfants importés au Québec en provenance de la Chine. Il s’agit de la première saisie ou mesure d’application de la loi signalée contre des marchandises produites par le travail forcé qui a été déclarée publiquement au Canada.

Accent sur les droits de l’homme et les chaînes d’approvisionnement impliquant la Chine

Les mesures d’exécution prises contre les importateurs individuels sont confidentielles, ce qui signifie qu’aucun détail n’est actuellement disponible dans le domaine public au sujet de l’importateur ou de l’exportateur/fournisseur des marchandises.

Toutefois, comme il en a été question dans un blogue previous blog, le gouvernement du Canada a donné un avis aux entreprises en janvier 2021 pour informer les importateurs et les exportateurs des préoccupations relatives aux violations des droits de l’homme et au recours au travail forcé au Xinjiang, en Chine. Nous comprenons que le Le programme du travail d’Emploi et Développement social Canada (EDSC-Travail) a entrepris une enquête sur les allégations du Xinjiang, entre autres. Bien qu’aucun rapport n’ait été rendu public, le Mémorandum de politique D9-1-6 de l’ASFC intitulé « Goods Manufactured or Produced by Prison or Forced Labour » indique que l’ASFC peut utiliser les renseignements recueillis par les recherches d’EDSC-Travail pour identifier et retenir les marchandises qui pourraient avoir été produites par le travail forcé. Le rapport des médias du 15 novembre laisse entendre que l’ASFC a commencé à prendre des mesures en fonction des résultats des enquêtes d’EDSC-Travail.

Il y a également eu une surveillance accrue des médias sur les questions de droits de l’homme dans les chaînes d’approvisionnement, ce qui pourrait stimuler davantage d’enquêtes. Le 5 novembre 2021, CBC Marketplace a signalé que les vêtements fabriqués par Dandong Huayang Textiles and Garment Co. Ltd. pourraient avoir été produits par le travail forcé nord-coréen dans une usine chinoise et importés au Canada par un certain nombre de détaillants canadiens.

Le Canada n’est pas le seul gouvernement à mettre en garde les entreprises qui font des affaires dans certaines industries ou régions au sujet de ces risques. Par exemple, le 13 janvier 2021, le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a publié un « withhold release order » (WRO) contre le coton produit au Xinjiang et les produits en aval qui l’incorporent. Les États-Unis ont également proposé une législation fédérale, la Uyghur Forced Labor Prevention Act, qui créerait une présomption réfutable que tous les biens fabriqués au Xinjiang sont fabriqués avec du travail forcé. Le gouvernement du Canada n’a pas encore pris de mesures équivalentes.

Classement tarifaire et application de la loi

Au Canada, l’interdiction d’importer des marchandises extraites, fabriquées ou produites en tout ou en partie par le travail forcé trouve son expression dans le Tarif des douanes du numéro tarifaire 9897.00.00. Le paragraphe 136(1) de la Loi sur le Tarif des douanes interdit expressément l’importation de marchandises incluses dans ce numéro tarifaire.

En théorie, le classement tarifaire devrait être fondé sur les marchandises telles qu’elles se présentent au moment de l’importation au Canada. Toutefois, dans le cas des biens produits avec travail forcé, rien dans les marchandises elles-mêmes n’indique les conditions de leur production. Dans les circonstances actuelles, l’ASFC peut avoir identifié et retenu des marchandises soupçonnées d’être produites par du travail forcé en se fondant sur les renseignements recueillis par EDSC-Travail dans le cadre de ses enquêtes.

Un agent de l’ASFC est autorisé, en vertu du paragraphe 59(1) de la Loi sur les douanes, à déterminer de nouveau le classement tarifaire des marchandises importées et à les classer à titre de marchandises prohibées en vertu du numéro tarifaire 9897.00.00. Comme dans le cas d’autres réexamens relatifs au classement tarifaire, si un importateur, un propriétaire, une personne tenue de payer des droits ou la personne qui a déclaré les marchandises en déclaration n’est pas d’accord avec la nouvelle détermination de l’agent de l’ASFC, il peut demander un réexamen par le président de l’ASFC et, par la suite, interjeter appel, conformément à la Loi sur les douanes, devant le Tribunal canadien du commerce extérieur et la Cour d’appel fédérale.

Étant donné que l’interdiction d’importation a été mise en œuvre au moyen du classement tarifaire, le processus de décision anticipée de l’ASFC est disponible pour traiter du classement potentiel des marchandises dans le numéro tarifaire 9897.00.00. En septembre 2021, l’ASFC a modifié son Mémorandum D11-11-3 sur Advance Rulings for Tariff Classification afin de préciser qu’une décision anticipée de classement tarifaire sera rendue pour les marchandises qui peuvent être classées sous le numéro tarifaire 9897.00.00 (qui comprend les marchandises fabriquées ou produites en tout ou en partie par des travaux pénitentiaires et Marchandises extraites, fabriquées ou produites en tout ou en partie par le travail forcé). Les importateurs peuvent envisager de demander une décision anticipée comme outil possible d’évaluation et d’atténuation des risques.

Prochaines étapes pour les entreprises qui importent au Canada

La récente mesure d’application de la loi contre les vêtements importés de Chine annonce l’importance pour les importateurs canadiens d’examiner leurs chaînes d’approvisionnement et de mener des évaluations des risques. Il incombe aux importateurs de faire preuve d’une diligence raisonnable adaptée au risque dans leurs chaînes d’approvisionnement et de veiller à ce que les marchandises qu’ils importent au Canada ne soient pas extraites, fabriquées ou produites en tout ou en partie par le travail forcé. À tout le moins, les entreprises et les particuliers qui s’approvisionnent en biens ou en services au Xinjiang ou qui s’approvisionnent généralement en coton, en textile ou en vêtements en provenance de Chine sont instamment priés d’examiner de près leurs chaînes d’approvisionnement en ce qui concerne ces questions.

Avec l’augmentation des activités d’application de la loi pouvant découler des enquêtes sur le travail forcé d’EDSC-Travail, les importateurs canadiens et non résidents devraient prendre les mesures proactives appropriées pour examiner leurs chaînes de valeur mondiales. Pour obtenir des conseils et de l’aide pour comprendre les risques de votre chaîne d’approvisionnement et la façon d’y répondre, y compris le dépôt d’une décision anticipée, veuillez contacter un membre du groupe Bennett Jones International Trade & Investment group.

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