Au cours des dernières années, une attention et des efforts croissants ont été consacrés à l’étude des économies autochtones au Canada dans le but de combler les lacunes dans le financement des entreprises, des projets, des collectivités et du logement, en fin de compte, de combler les lacunes en matière d’infrastructure. 1 Le présent article examine certains des défis et des possibilités associés à la réduction de ces lacunes.
Le manque d’accès à de bonnes options de financement et à des immobilisations continues de fonctionnement et d’entretien dans les réserves est l’une des principales raisons de la persistance du déficit d’infrastructure. Toutefois, cette question attire sérieusement l’attention avec la participation accrue des collectivités autochtones aux entreprises économiques, au développement des infrastructures sociales et civiles et aux projets de ressources. Morningstar DBRS a signalé que les organisations liées aux Autochtones au Canada accèdent de plus en plus aux marchés financiers et qu’il existe un « potentiel considérable » pour plus d’activité. 2
Nous pouvons nous attendre à d’autres développements dans ce domaine alors que le gouvernement fédéral s’efforce de mettre en œuvre les engagements pris en vertu de la Loi sur la Déclaration unie sur les droits des peuples autochtones. 3 Cette loi exige que le gouvernement du Canada « prenne toutes les mesures nécessaires » pour s’assurer que les lois du Canada sont conformes à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 4 La réconciliation économique est à la base de ces efforts stratégiques et est reconnue comme une priorité aux niveaux fédéral et provincial.
L’article 39 de la Déclaration stipule que « les peuples autochtones ont le droit d’avoir accès à l’assistance financière et technique des États et, par le biais de la coopération internationale, pour la jouissance des droits énoncés dans la présente Déclaration ». 5 Cet objectif comprend de solides initiatives stratégiques à tous les ordres de gouvernement pour changer l’héritage historique, mais les gouvernements fédéral et provinciaux déploient des efforts à un stade précoce.
Le 16 décembre 2024, le gouvernement fédéral a lancé un programme de garanties d’emprunt pour les Autochtones afin de renforcer ses engagements à l’égard de la réconciliation économique. 6 Les collectivités et les entités autochtones peuvent présenter une demande de soutien si elles prévoient investir dans des projets de ressources naturelles ou d’énergie admissibles au Canada. Les prêteurs qui souhaitent faciliter des projets autochtones doivent être conscients des différences entre le paysage financier dans les réserves et à l’extérieur de celles-ci.
Les prêts aux communautés autochtones comportent des éléments uniques et complexes. L’un des obstacles les plus importants est la Loi sur les Indiens, plus précisément l’article 89, qui interdit la saisie de biens situés dans une réserve. 7 Cette interdiction empêche l’utilisation de biens immobiliers ou personnels dans les réserves comme garantie, ce qui limite l’accès au capital pour les emprunteurs autochtones. Les options pour contourner cette contrainte comprennent des accords de vente conditionnels, la structuration de prêts par l’intermédiaire de sociétés ou la sécurisation d’actifs à l’écart des réserves. 8
Les prêts aux collectivités et aux entités autochtones impliquent également de naviguer dans de multiples niveaux de gouvernement et de droit. La Loi sur la gestion financière des premières nations (LGFPN) confère aux gouvernements des Premières Nations un plus grand pouvoir en matière de gestion financière, y compris la production de revenus et le financement de l’infrastructure. 9 Cette loi permet de créer des sûretés sur des « revenus d’autres sources » déterminés, comme des recettes fiscales ou des intérêts sur les placements. Toutefois, le financement utilisant ces sources ne peut être utilisé qu’à des fins qui soutiennent le développement économique ou social, en mettant l’accent sur les projets d’infrastructure.
Plusieurs organisations dirigées par des Autochtones aident à combler l’écart entre les prêteurs et les collectivités, en offrant des solutions pour accéder à des capitaux qui surmontent les complexités des prêts dans le cadre du régime de réglementation qui régit les prêts aux collectivités autochtones. Ces organisations donnent aux communautés autochtones les moyens de devenir des prêteurs à part entière, offrant une voie vers l’autosuffisance et l’indépendance économique.
Alors que les gouvernements fédéral et provincial continuent de mettre l’accent sur la réconciliation économique avec les collectivités autochtones, les prêteurs privés ont de plus en plus d’occasions d’investir dans des projets et des entreprises dirigés par des Autochtones. En travaillant avec des organisations comme l’AFPN, les IFI et les sociétés d’investissement privées dirigées par des Autochtones, les prêteurs peuvent aider à combler le déficit de financement tout en contribuant à la croissance économique à long terme dans les collectivités autochtones.
Néanmoins, les prêteurs doivent comprendre et travailler dans le cadre du régime réglementaire unique et des défis dans le paysage des prêts autochtones. Avec les bons conseils et les partenariats stratégiques, le capital privé peut jouer un rôle essentiel dans la promotion du développement économique et de la réconciliation des Autochtones.
Pour discuter davantage de ces questions, veuillez contacter Dom Sorbara.
Les auteurs sont reconnaissants de l’aide de Lukas VanDusen, stagiaire, dans le cadre de la préparation de cet article.
1 Calista Cheung, James Fudurich, Janki Shah et Farrukh Suvankulov, « Enquête auprès des entreprises autochtones : un aperçu des salaires, des prix et du financement dans le secteur des entreprises autochtones au Canada » (Banque du Canada, 2024) https://www.bankofcanada.ca/wp-content/uploads/2024/05/sdp2024-4.pdf ; Conseil de gestion financière des Premières Nations, « Unlocking First Nations Economies » (FNFMB, 2022) https://fnfmb.com/sites/default/files/2022-11/2022-11-09_roadmap_chapter_4_unlocking_first_nations_economies.pdf ;
2 Morningstar DBRS, « L’accès au capital joue un rôle essentiel dans le soutien de la réconciliation économique avec les peuples autochtones du Canada » (2024) https://dbrs.morningstar.com/research/440237
3 Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, SC 2021, c 14, https://canlii.ca/t/554bd
4 Ibid, a. 5
5 Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, https://www.un.org/development/desa/indigenouspeoples/wp-content/uploads/sites/19/2018/11/UNDRIP_E_web.pdf
6 Ministère des Finances Canada, « Société canadienne de garantie d’emprunt autochtone », https://www.canada.ca/en/department-finance/news/2024/12/canada-indigenous-loan-guarantee-corporation.html
7 Loi sur les Indiens, L.R.C. 1985, c I-5, s 89 https://canlii.ca/t/5439p
8 Alain Bartleman et James C. Hopkins 'Opinion : Section 89 and the challenges of on-reserve business financing' (Anishinabek News, 2020) https://anishinabeknews.ca/2020/11/20/opinion-section-89-and-the-challenges-of-on-reserve-business-financing/
9 Loi sur la gestion financière des premières nations, LS 2005, c 9, https://canlii.ca/t/56dkm
10 Administration financière des Premières nations, https://fnfmb.com/en/faq/first-nations-finance-authority-fnfa
11 Institut de l’infrastructure des Premières Nations, https:// fnii.ca/about-us/
12 Association nationale des sociétés autochtones de capitaux, https:// nacca.ca/about/
13 Fonds de croissance autochtone, https:// nacca.ca/igf/
14 Banque des Premières Nations du Canada, https://www.fnbc.ca/AboutUs/
15 Ki’mola Indigenous Capital, http://visionsfinancial.ca/kimola-indigenous-capital/
16 Raven Indigenous Capital Partners, https://ravencapitalpartners.com/
17 Longhouse Capital Partners, https://lcp-inc.com/