Le Canada impose des sanctions économiques contre la Chine

23 mars 2021

Écrit par Jessica Horwitz and Sabrina A. Bandali

Le 22 mars 2021, le Canada a imposé nouvelles sanctions économiques contre quatre fonctionnaires et une entité en vertu du nouveau Règlement sur les mesures économiques spéciales (République populaire de Chine), d’après l’évaluation par le Canada de leur participation à des violations flagrantes et systématiques des droits de la personne dans la Région autonome ouïghoure du Xinjiang (RÉGION AUTONOME DU XINJIANG) touchant les Ouïghours et d’autres minorités ethniques musulmanes.

Mises en œuvre en coordination et en solidarité avec les sanctions imposées par les alliés du Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne, ces nouvelles sanctions font suite à expressions préoccupantes en janvier 2021 par le Canada (et d’autres partenaires internationaux) en réponse aux rapports et aux preuves de surveillance répressive, de détention arbitraire massive, de torture et de mauvais traitements, et de recours au travail forcé au Xinjiang.

Voici un aperçu des détails des nouvelles sanctions et de ce qu’elles signifient pour les entreprises canadiennes qui traitent en Chine.

Nouvelles sanctions canadiennes contre les autorités chinoises

À compter d’aujourd’hui, le Canada a imposé une interdiction des opérations et un gel des avoirs aux personnes inscrites en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales et du Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la République populaire de Chine. Il est interdit à toute personne au Canada (y compris les particuliers et les personnes morales) et à tout Canadien à l’extérieur du Canada (y compris les citoyens canadiens et les sociétés ou entreprises canadiennes ayant des activités à l’étranger) de participer, de causer, de faciliter ou d’aider directement ou indirectement aux activités suivantes :

  • le commerce de biens, où qu’ils se trouvent, qui appartiennent à des personnes désignées ou à une personne agissant pour le compte d’une personne désignée, qui sont détenus ou contrôlés par elles;
  • la conclusion ou la facilitation d’une transaction liée à une opération interdite;
  • fournir des services financiers ou connexes à l’égard d’une opération interdite;
  • mettre à la disposition d’une personne inscrite ou d’une personne agissant pour le compte d’une personne inscrite, où qu’elles se trouvent, de tout bien, où qu’ils se trouvent; et
  • fournir des services financiers ou d’autres services connexes à une personne inscrite ou au profit de celle-ci.

Un certain nombre d’exceptions aux interdictions ci-dessus sont énumérées à l’article 4 du Règlement. Les Canadiens peuvent, par exemple, recevoir des paiements d’une personne inscrite qui sont dus en vertu d’un contrat conclu avant que la personne ne soit inscrite, ou obtenir des services financiers qui permettent à une personne inscrite d’obtenir des services juridiques au Canada relativement à l’application de l’une ou l’autre des interdictions de sanctions. Les Canadiens peuvent également continuer d’avoir des relations avec une personne inscrite aux fins du remboursement du prêt et de l’exécution et de la réalisation de la garantie de remboursement du prêt, lorsque le prêt a été conclu avant que la personne ne soit inscrite ou lorsque le bénéficiaire du prêt n’est pas une personne inscrite.

Les quatre Chinois nouvellement sanctionnés, qui sont également interdits de territoire pour entrer au Canada en vertu de l’alinéa 35(1)d) de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, et la seule entité, sont les suivants :

Particuliers :

  • Zhu Hailun, ancien secrétaire de la Commission des affaires politiques et juridiques de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, ancien secrétaire adjoint du Comité du Parti de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang et ancien chef adjoint du 13e Congrès du peuple de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang
  • Wang Junzheng, secrétaire du parti et commissaire politique du Corps de production et de construction du Xinjiang et secrétaire adjoint du Comité du Parti de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang 
  • Wang Mingshan, membre du Comité permanent du Comité du Parti de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang et Secrétaire du Comité des affaires politiques et juridiques de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, ancien Directeur et Secrétaire adjoint du Parti du Bureau de la sécurité publique du Xinjiang
  • Chen Mingguo, Directeur du Bureau de la sécurité publique du Xinjiang et Vice-Président du Gouvernement populaire de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang

Entité :

  • Bureau de la sécurité publique du Corps de production et de construction du Xinjiang

Il convient également de noter que le Canada a choisi d’utiliser la Loi sur les mesures économiques spéciales (LMES), qui impose des sanctions par pays, pour les nouvelles sanctions économiques contre la Chine plutôt que pour la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus (Loi Magnitski). En revanche, le previous U.S. sanctions liées au Xinjiang et sanctions supplémentaires contre les responsables chinois annoncées le 22 mars 2021, ont été imposées en vertu de la loi américaine Magnitski. Le choix par le Canada de l’ACES plus souple et axée sur le pays comme mécanisme juridique de ces sanctions envoie un message politique au gouvernement de la Chine et soulève la possibilité que la portée des sanctions canadiennes contre la Chine puisse être élargie à l’avenir, y compris pour aborder des questions de préoccupation plus vastes que la situation des droits de la personne au Xinjiang.

Initiatives plus vastes pour l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement canadienne

Comme il a été mentionné, le 18 janvier 2021, le gouvernement du Canada a annoncé plusieurs mesures pour répondre à ses préoccupations concernant les rapports et les preuves de violations des droits de la personne, y compris le recours au travail forcé au Xinjiang. Par exemple, Affaires mondiales Canada a publié un avis aux entreprises liés au Xinjiang qui exhortait les entreprises à, entre autres, faire preuve de diligence raisonnable et à examiner leurs chaînes d’approvisionnement pour s’assurer que leurs activités ne soutiennent pas les violations des droits de la personne, qu’il s’agisse de l’utilisation de le travail forcé pour produire des produits importés au Canada, ou la vente de technologies ou de services par des entreprises canadiennes qui peuvent être utilisés pour commettre des violations des droits de la personne. Les entreprises canadiennes qui s’approvisionnent directement ou indirectement au Xinjiang sont maintenant tenues de signer une déclaration d’intégrité lorsqu’elles collaborent avec le Service des délégués commerciaux.

Cela dit, les mesures annoncées en janvier étaient relativement limitées et largement conformes aux politiques gouvernementales existantes (p. ex., réitérer l’interdiction d’importer des biens produits avec du travail forcé au Canada, et informer que les entreprises qui demandent des permis pour exporter certaines technologies ou certains services au Xinjiang qui pourraient être utilisés pour faciliter la surveillance gouvernementale, la répression, la détention arbitraire ou le travail forcé seront confrontées à « exécuteur particulier »). En conséquence, l’introduction de sanctions économiques ciblées est une étape notable qui augmente le risque juridique et commercial auquel sont confrontées les entreprises ayant des chaînes d’approvisionnement et des relations d’affaires au Xinjiang.

Qu’est-ce que cela signifie pour les entreprises?

Ces nouvelles sanctions économiques pourraient signaler la possibilité d’un élargissement des restrictions canadiennes contre la Chine à l’avenir. Les entreprises ayant des relations en Chine devraient :

  • examiner leurs pratiques de diligence raisonnable pour les transactions commerciales impliquant la Chine et s’assurer que des renseignements adéquats sont recueillis sur les contreparties afin de permettre une évaluation appropriée des risques avant de prendre des engagements;
  • s’assurer de procéder à un contrôle approprié des contreparties chinoises par des tiers restreints; et
  • examiner les contrats pour s’assurer qu’ils contiennent des certifications et des garanties appropriées et permettre la résiliation sans tracas du contrat si les risques de conformité aux sanctions sont identifiés à une date ultérieure.

De façon plus générale, les entreprises ayant des chaînes d’approvisionnement et des relations d’affaires au Xinjiang devraient évaluer leurs risques et s’assurer qu’elles disposent de renseignements adéquats, y compris par l’exercice de droits d’audit et de clauses contractuelles, pour atténuer les risques et mener toutes les activités commerciales conformément à leurs obligations en vertu de la loi canadienne.

Si vous avez des questions au sujet des nouvelles sanctions économiques du Canada contre la Chine ou des risques de la chaîne d’approvisionnement, veuillez communiquer avec le groupe de Bennett Jones International Trade & Investment group.

Auteur(e)s

Jessica B. Horwitz
416.777.6517
horwitzj@bennettjones.com

Sabrina A. Bandali
416.777.4838
bandalis@bennettjones.com



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