Écrit par Darrel Pearson, Jonathan Fried, Jessica Horwitz and Valerie Hughes
Les exportateurs canadiens de divers secteurs font parfois face à des obstacles créés par les lois, les règlements ou leur interprétation étrangers. La grande majorité des obstacles prennent la forme d’exigences réglementaires sur les produits, comme l’étiquetage des produits ou les spécifications techniques, et pour les produits agricoles comme les viandes et les céréales, de règles de salubrité des aliments. Ces obstacles peuvent être contraires aux obligations du pays importateur en vertu des accords commerciaux internationaux, en particulier lorsqu’ils diffèrent des normes acceptées à l’échelle internationale. Cependant, les litiges locaux peuvent être coûteux, et le règlement des différends d’État à État doit être lancé par le gouvernement, prend du temps et peut ne pas conduire à un résultat contraignant.
Cependant, il existe également des moyens plus pratiques pour les entreprises de résoudre ces problèmes.
Le Canada a conclu plusieurs accords commerciaux internationaux qui, en plus d’éliminer ou de réduire les droits de douane sur les marchandises canadiennes exportées à l’étranger, imposent des règles interdisant l’utilisation d’obstacles non tarifaires (OBSTACLES NON TARIFAIRES) qui sont discriminatoires à l’égard des importations. Ces accords, y compris l’Accord sur l’Organisation mondiale du commerce (OMC) lui-même, énoncent plusieurs processus et procédures qui peuvent être poursuivis avant, ou peut-être au lieu de, recourir au règlement international des différends.
Le gouvernement du Canada et d’autres États parties peuvent soulever des questions précises, portées à son attention par des exportateurs ou des associations d’exportateurs, lors de réunions internationales de comités et de groupes de travail établis en vertu de ces accords. Ces réunions offrent l’occasion d’obtenir des renseignements plus détaillés sur le fonctionnement des règlements proposés ou existants et de discuter des ajustements potentiels qui pourraient répondre aux préoccupations des exportateurs tout en maintenant des mesures non protectionnistes visant à atteindre des fins légitimes pour lesquelles ils ont été adoptés. Les réunions peuvent également servir de moyens utiles pour obtenir des renseignements qui pourraient éclairer la préparation à un éventuel différend commercial s’il n’est pas possible de résoudre la question par le biais de discussions bilatérales.
Il est dans l’intérêt du Canada de veiller à ce que ses accords internationaux soient mis en œuvre équitablement afin que les exportateurs canadiens puissent tirer pleinement parti des possibilités de croissance économique qu’ils ont prévues et en tirer profit. Toutefois, les représentants du gouvernement canadien soulèveront des préoccupations commerciales particulières lors de réunions internationales seulement si les intérêts du secteur privé les persuadent de l’intérêt de le faire. Pour persuader avec succès le gouvernement d’intervenir dans un cas particulier, les exportateurs (ou les associations d’exportateurs) doivent faire avancer leur cause en fournissant au gouvernement des mémoires soigneusement préparés qui décrivent en détail les questions, documentent en détail les préoccupations précises en matière d’accès aux marchés et énoncent les considérations juridiques pertinentes. Les experts de Bennett Jones sont bien placés pour aider à présenter ces observations.
Les accords commerciaux établissent des comités sectoriels où les préoccupations commerciales peuvent être abordées
Les accords commerciaux établissent divers comités et groupes de travail couvrant un éventail de sujets qui servent de cadres aux représentants des parties au traité pour discuter du fonctionnement de l’accord particulier. Une partie importante des travaux du comité porte sur les préoccupations commerciales soulevées par les négociants du secteur privé qui ont une expérience de première main de l’exploitation (ou de la difficulté à fonctionner) en vertu des règles de l’accord commercial.
Il y a 24 comités, sous-comités et groupes de travail dans le cadre de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) qui se réunissent régulièrement pour discuter de diverses questions, y compris les problèmes commerciaux rencontrés par les intérêts du secteur privé. En voici quelques exemples :
- le Comité de l’agriculture, « un forum pour échanger des informations sur le commerce des produits agricoles ... et s’efforcer d’aborder les questions ou les obstacles au commerce, et d’améliorer l’accès à leurs marchés respectifs »;
- le Comité des mesures sanitaires et phytosanitaires (Comité SPS), qui doit « identifier et examiner les mesures qui peuvent avoir un effet significatif sur le commerce en Amérique du Nord, y compris en vue de faciliter un meilleur alignement des mesures sanitaires ou phytosanitaires »; et
- le Comité des obstacles techniques au commerce (Comité OTC), qui doit « prendre des initiatives pour favoriser une plus grande harmonisation réglementaire dans la région, notamment en élaborant des normes ou des procédures d’évaluation de la conformité communes, dans les secteurs d’intérêt mutuel ».
Des comités analogues qui traitent des questions d’accès aux marchés pour les exportateurs ont été établis dans le cadre d’autres accords commerciaux, y compris l’Initiative économique et commerciale globale (AECG) entre le Canada et l’Union européenne et le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Lors de la plus récente réunion de l’AECG SPS Joint Management Committee tenue en octobre 2022, par exemple, le Canada a soulevé plusieurs préoccupations au sujet des mesures de l’U.E., y compris des règles sur les niveaux maximaux d’acide cyanhydrique (HCN) dans les graines de lin. 1 Le Canada a souligné que les producteurs canadiens trouvaient les nouvelles exigences légales de l’U.U. très difficiles à respecter, car le HCN est présent naturellement dans les graines de lin, ce qui rend l’atténuation extrêmement problématique. L’U.U. a accepté de discuter des résultats d’une étude sur le sujet entreprise par le Canada.
Comités de l’Organisation mondiale du commerce
Les Comités des obstacles techniques au commerce (Comité OTC) et des mesures sanitaires et phytosanitaires (Comité SPS) de l’OMC ont été créés pour donner aux Membres de l’OMC la possibilité de se consulter sur les questions relatives au fonctionnement de l’Accord OTC et de l’Accord SPS. L’Accord sur les obstacles techniques au commerce établit des règles pour l’imposition de normes de produits telles que les prescriptions en matière d’emballage et d’étiquetage ainsi que les systèmes d’évaluation de la conformité des produits, tandis que l’Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires couvre les règlements et les mesures de sécurité sanitaire des aliments et les mesures de protection contre la propagation des maladies transportées par les végétaux ou les animaux.
Une partie importante des réunions du Comité SPS et du Comité OTC est consacrée à soulever et à examiner des préoccupations commerciales spécifiques (CTS). Au cours des réunions du Comité, le Membre de l’OMC soulevant le DCP explique ses préoccupations au sujet de la mesure en question; d’autres membres peuvent exprimer des préoccupations similaires ou supplémentaires. Le membre qui a mis en œuvre ou qui a l’intention de mettre en œuvre la mesure (membre répondant) peut clarifier certains aspects de la mesure et indique souvent que les préoccupations seront ou sont en cours d’examen. Il est souvent proposé de poursuivre les discussions bilatérales. Il est également possible que le membre défendeur n’offre pas une réponse satisfaisante, auquel cas le DCP peut être soulevé lors d’une réunion ultérieure.
L’outil STC aide à atténuer les goulots d’étranglement réglementaires et peut également conduire à la modification ou au retrait des mesures affectant l’accès aux marchés. L’outil ne résout pas nécessairement tous les cas, mais il est de plus en plus utilisé par les Membres de l’OMC pour répondre à un large éventail de préoccupations. Des milliards de dollars d’exportations ont été facilités par des interventions réussies des Membres de l’OMC aux réunions des comités de l’OMC.
Depuis 1995, année de la création de l’OMC, le Canada a porté 140 CTS devant le Comité OTC et 33 devant le Comité SPS couvrant une grande variété de mesures et de produits, allant des mesures de l’ESB liées à la viande de bœuf (une mesure coréenne), aux prescriptions en matière de sécurité automobile (une mesure chinoise), à l’étiquetage des produits biologiques (une mesure de l’ONU), aux ordonnances de contrôle de la qualité pour les substances chimiques et pétrochimiques (une mesure indienne), et les besoins alimentaires halal (une mesure égyptienne). Un exemple récent d’une préoccupation commerciale spécifique soulevée pour la première fois par le Canada en mars 2023 concerne les restrictions à l’importation imposées par la Chine aux
Comment les exportateurs peuvent-ils obtenir de l’aide du gouvernement lorsqu’ils font face à des obstacles sur les marchés étrangers?
Les exportateurs (ou les associations représentant les exportateurs) qui ont éprouvé des difficultés d’accès aux marchés étrangers devraient faire part de leurs préoccupations au gouvernement fédéral. Selon le produit d’exportation, des observations pourraient être présentées à Affaires mondiales Canada, à Agriculture et Agroalimentaire Canada, à Santé Canada ou à d’autres ministères fédéraux (ou à des équivalents provinciaux comme première étape pour traiter de la question avec le gouvernement fédéral).
Pour persuader avec succès le gouvernement d’intervenir dans un cas précis, il sera nécessaire de démontrer que l’association des exportateurs/exportateurs a étudié la situation en profondeur et a documenté en détail les préoccupations particulières en matière d’accès au marché. Les associations d’exportateurs et d’exportateurs devraient préparer un exposé écrit à l’intention du gouvernement qui :
- identifie le produit en question;
- établit la valeur et le volume des échanges en cause;
- explique les difficultés d’accès aux marchés; et
- décrit l’application de la loi étrangère ou de la réglementation préoccupante.
Il est très utile que les observations soient accompagnées d’une évaluation juridique de l’incompatibilité de la loi ou du règlement en question avec les dispositions de l’accord commercial et d’une indication indiquant si la question a déjà été examinée, soit dans le cadre de procédures de règlement des différends, soit lors de réunions de comités. Les exportateurs devraient être tout à fait prêts à faire valoir auprès du gouvernement l’urgence et l’intérêt de soulever leur obstacle à l’accès aux marchés, et devraient faciliter la tâche du gouvernement de porter la question devant le comité compétent.
Les experts de Bennett Jones en Les lois internationales sur le commerce et l’investissement ont une longue et éprouvée expérience en droit commercial international, notamment en fournissant des conseils sur la cohérence des lois, des règlements et des pratiques avec les obligations des accords commerciaux, et en aidant les clients ayant des difficultés à accéder aux marchés étrangers pour leurs produits. De plus, nos membres du groupe Les membres du groupe des affaires gouvernementales et des politiques publiques ont une connaissance exceptionnelle des pratiques et des procédures du gouvernement canadien ayant servi au sein du gouvernement, y compris à la mission du Canada à l’OMC, et sont bien placés pour fournir des conseils stratégiques sur la recherche de l’accord du gouvernement pour soulever des préoccupations commerciales lors de réunions internationales.
Communiquez avec nous pour discuter de la façon dont nous pouvons vous aider à déterminer si les méthodes décrites ci-dessus peuvent être utiles pour surmonter vos obstacles à l’accès au marché et, le cas échéant, pour vous aider à préparer une présentation qui réussira à persuader le gouvernement de poursuivre la question devant le forum international pertinent.